Le monde entier est un théâtre,
et tous, hommes et femmes,
n'en sont que les acteurs.
Comme il vous plaira, Acte II, sc. 7

vendredi 10 avril 2015

Problème de plan de vol, chapitre 3

La saison de ski se terminant à Vancouver, Colombie Britannique, Canada, lieu des J.O. d'hiver de 2010 et de nombreuses séries télé, je pensai faire un petit tour par - vous l'avez deviné - Auckland, Nouvelle-Zélande pour ses activités sportives estivales. Je pensais que ça ne serait pas facile de traverser le Pacifique. J'avais raison.


Quoique...11.335 kms c'est pas surhumain en fait.

Alors, quelles surprises les compagnies d'aviation nous réservent-elles cette fois?


Air New Zealand nous propose un saut de puce jusqu'à San Fransisco puis le trajet direct jusqu'à Auckland. Visualisons ça sur une carte:


Donc, après deux heures de vol on s'est rapproché de : 11.335 - 10.487 =  848 kms
Soit une vitesse moyenne de 424 km/h, deux fois moins que la vitesse moyenne de ces avions. Est-ce bien nécessaire de faire une escale pour couvrir 848 kms?
(Je triche un peu là, je calcule la différence sur le trajet total alors que Vancouver-San Fransisco ça fait en fait 1.288 kms. Mais passons.)

C'est le vol retour qui est plus intéressant:


Notez qu'au lieu de faire Auckland - San Fransisco ou Los Angeles, les deux escales les plus fréquentes, on vole de Sydney à Vancouver direct!


Ouoh, ouoh, ouoh...Attendez une seconde...Sydney - Vancouver direct sur une distance totale de
12.484 kms?! Si vous arrivez à couvrir 12.500 kms sans faire escale au milieu du Pacifique, pourquoi faire escale à l'aller tout court? Que je sache 12.484 - 11.335 = 1.149 kms qui est un nombre positif. Autrement dit, la distance retour est plus grande que la distance aller. Alors, au risque de me répéter, pourquoi une escale?


Le saut de puce sert à vous faire croire qu'il faut se rapprocher de la destination finale car traverser le Pacifique - qui couvre presque la moitié de la surface de la Terre, est-il besoin de le rappeler - littéralement en long, en large et en travers, ça n'est pas donné à tous les avions.


En rouge la ligne droite.
En jaune le trajet aller
En blanc le trajet retour

En fait, ce saut de puce ne les arrange pas car ça rallonge en réalité la distance finale. Mais ils ne veulent pas que vous vous rendiez compte que vous volez vers l'ouest au lieu du sud, au cas où certains d'entre nous ne prenions jamais l'avion sans notre boussole.
Et le vol retour, même si c'est un hypoténuse, ne rallonge pas de beaucoup. Ce n'est pas comme si vous faisiez le tour de la Terre, comme par exemple lorsque que vous essayez de rejoindre Auckland depuis Buenos Aires (voir chapitre 2).

En réalité, le voyage pourrait être direct et durer 7-8 heures. Mais même les esprits pas curieux du tout se rendraient compte que 7-8 heures pour traverser la moitié de la surface du "globe" ça ne ferait pas beaucoup. Du coup: escales. Elles servent à rallonger artificiellement le trajet pour que vous ayez l'impression de mériter vos vacances!