jeudi 16 avril 2015

Problème de plan de vol, chapitre 6

Cette fois je ne vais pas vous embêter longtemps avec mes problèmes d'avion. Comme je l'ai écrit précédemment, c'est le dernier chapitre sur les trajets psychédéliques des compagnies aériennes et la "magie" qui permet aux avions sans être dérangés par la rotation terrestre.

Alors voilà, revenant du Cap où je me trouvais pour un séminaire sur les patates douces, je voulais un vol direct sur Londres pour passer par Harrod's acheter de la charcuterie. Je cherchais un vol direct - au diable l'avarice - la vie est courte, me dis-je, surtout en prenant le fameux raccourci du pôle sud.


Presque 10.000 kms dites-donc! Rien d'extraordinaire pour un vol long courrier, c'est juste que ça fait mal aux jambes rien que d'y penser.


Il y a bien des vols directs, pas de surprise là non plus.

Ah, mince, j'oubliais...La Terre tourne crénom de bonsoir! Comme nous l'indiquent British Airways et Iberia, le vol dur 12h (arrondissons). Nous arriverons donc à Londres, étant partis du Cap, au bout de 12h...alors que la Terre a tourné pendant ces 12h, et pas de peu. (Je vais arrondir pas mal pour faciliter les calculs mais le principe reste le même.) En gros, la Terre a effectué une demi-rotation pendant le temps du vol, soit presque 20.000 kms à l'équateur.

Comme on le voit sur la première carte, le vol croise l'équateur au niveau du Gabon. 12h plus tard, vous savez où il se trouve le Gabon? "A ses antipodes!" rétorqueront les petits malins. Ils n'auront pas tort. Mais, scrogneugneu, où se trouvent donc les antipodes du Gabon? J'ai cherché et voilà:


A gauche, le Gabon. A droite, la où se trouvera le Gabon après 12h de rotation terrestre. Si vous ne reconnaissez pas, c'est au milieu de nulle part. En fait au milieu du Pacifique, à 2.500 - 3.000 kms d'Hawaï. Voilà pour vous donner une idée:


Et vous savez où se trouvera Londres au bout de 12h de rotation terrestre? Grossièrement (et pour les besoins de l'exercice) pas loin de Petropavslovsk-Kamchatskiy, le Petropavlovsk du Kamchatka dans la péninsule éponyme, au nord-est du Japon et à l'ouest des Aléoutiennes. Putain de loin en fait!


Ça n'en a pas l'air mais à ce qu'on m'a dit c'est formidable...

Voilà donc le trajet final de mon avion Britih Airways ou Iberia, étant donné que la Terre tourne 'achement vite:


Holy shit! Combien de kérosène y a-t-il dans cet avion pour couvrir plus de 16.000 kms comme ça?! La dernière fois que j'ai regardé sur Wikipedia (le "Si c'est sur Wikipedia, c'est que c'est vrai!", Wikipedia), même les A380, qui sont les long courriers qui peuvent voyager le plus loin, n'atteignent pas 16.000 kms. Ils font quoi chez British Airways? Le plein en plein vol comme dans les films?

Attendez, c'est pas fini! Le temps n'a pas bougé, c'est toujours 12h du Cap à Londres. Sauf que là on parle de 16.000 kms et plus de 10.000. Quelle est donc la vitesse moyenne de mon avion au cours de ce vol? Calculons: 16.000 / 12 = 1.333,33 km/h
HOLY SHIT AGAIN! Presque 50% de plus que la vitesse moyenne d'un long courrier! Et en plus ça n'est même pas physiquement possible vu que les avions de ligne ne dépassent pas mach 0.85, soit 1.224 x 0.85 = 1.040 km/h

Conclusion: sur un vol Le Cap - Londres je viens de réaliser deux exploits impossibles: voler plus loin et plus vite que ne le permettent les avions commerciaux! Non seulement la rotation de la Terre est "magique", elle permet également de s'affranchir des lois de l'espace-temps! Cooool...

Evidemment on va me dire que c'est pas comme ça que ça marche, que c'est possible vu que ça arrive. Mais comment marche cette "magie"? Clystère et boule de gomme...