dimanche 26 avril 2015

De l'influence de la Lune

Comme c'est un sujet sensible, je vais y aller avec des gants, comme on dit:


Je ne m'avilirai pas intellectuellement à traiter des missions Apollo et des soi-disant allers-retours sur la Lune. Le sujet est aussi crédible que 2001: L'odyssée de l'espace, et pour cause, il s'agit du même réalisateur. Ceux qui y croient encore n'ont que ce qu'ils méritent. Tout ce qu'il y a à dire peut se résumer en 50 secondes et je le remets par pur plaisir:


Je vais plutôt parler de l'influence de la Lune sous la forme des marées. Apparemment, l'attraction lunaire n'est pas assez forte pour retenir sa propre atmosphère, mais elle l'est pour tirer vers elle des quintillions de litres d'eau. Passons.

D'un, les grandes marées ont lieu à deux occasions: à l'apogée de la Lune et au périgée de la Lune. Comment-donc, me demanderez-vous, est-il possible que les grandes marées aient lieu à la fois quand la Lune est la plus proche de la Terre ET quand elle est la plus éloignée?! Bonne question...
C'est probablement dû à la même raison qui fait que la Terre est la plus proche du Soleil à la fois en été ET en hiver, une question d'angle. Mais...mais...la gravité se fout des angles! Non seulement des angles mais aussi du temps ET de l'espace vu qu'elle agit sans limitations dans l'espace-temps. Vrai, mais c'est sans compter la "magie" qui permet à la science d'expliquer ces problèmes...en les occultant!

Deux, les marées sont uniformes paraît-il. Non, en fait, loin de là. Je voudrais attirer l'attention sur ce qui ne cadre pas avec cette théorie. Plus généralement, il est toujours intéressant lorsqu'on est confronté à une "théorie" ou une "loi" générale de s'arrêter sur les exceptions. On apprend toujours plus d'un échec personnel qu'en reproduisant bêtement quelque chose qui marche. On apprend toujours plus d'un fait qui ne collent pas à la moyenne que de ceux qui y obéissent. On peut remercier un pionnier comme Charles Fort et son héritage, les 'forteana', ces faits bien étayés qui échappent cruellement à l'étroitesse d'esprit des psittacistes. On peut remercier également William Corliss dont le travail ne sera probablement jamais apprécié à sa juste valeur. William Corliss a passé de nombreuses décennies de sa vie à récolter - DANS DES REVUES SCIENTIFIQUES, c'est important - des données qui sortaient de l'ordinaire. Il les a classées par catégorie, puis par nombre d'occurrence et par leur déviation par rapport au théories acceptées. Voilà ce qu'il a relevé à propos des marées:
...
L’Allemand Krummel, Kiel, 1897 :

La marée progresse du sud au nord sur la côte d’Europe occidentale, mais sur tout d’un seul tenant le long de la côte est de l’Amérique du nord. Elle avance vers le nord sur la côte est, et le sud sur la côte ouest de la Nouvelle-Zélande, mais tout d’un coup sur la côte est de l’Australie.
La marée de printemps est retardée d’une demi-journée à 2 jours et demi après la nouvelle lune dans la plupart des points de l’Atlantique, mais à Toulon elle arrive 4 heures ¾ avant les syzygies [alignement Lune, Terre, Soleil]. Plusieurs lieux, dont Tahiti, subissent la marée en fonction des horaires solaires, pas lunaires. Il y a trois marées par jour dans la Tay, à Stirling, Ecosse, ainsi que dans les ports de l’île de Wight.

H. A. Marmer :

Il existe un nombre considérable de marées différentes.
-          Norfolk : double sinusoïde d’amplitude moyenne [deux marées hautes/basses / jour]
-          Pensacola : simple sinusoïde de faible amplitude [une marée haute/basse / jour]
-          San Francisco : double sinusoïde de forte amplitude, les deux crêtes variant fortement

Smithsonian Intitution Annual Report, 1934, 181-91

Dans certains lieux la marée semble suivre le Soleil. Les marées hautes et basses arrivent à la même heure chaque jour au lieu d’être décalées de 50 min comme c’est le cas « en règle générale. » Tahiti en est un exemple, mais aussi à Tuesday Island dans le détroit de Torres.

A Jolo, archipel de Sulu, Indonésie, la marée haute suit la Lune, la marée basse suit le Soleil. A certains moments il y a deux marées basses et hautes par jour, à d’autres seulement une.

Nature, 59 : 1251-56, 1898

Il est connu des officiers de marine et d’autres que les variations irrégulières du niveau de la mer dans les bras de mer de Malte sont suffisamment grandes pour occulter la marée lunaire. […]
Il y a dans le Grand Port de Malte un flux et reflux parfaitement régulier de 23 minutes, la même durée que celle calculée par Mr. Russell dans le port de Sydney.
...
J'en entends déjà qui s'offusquent: "Ces données sont vieilles comme mes robes!" [je sais, je sais]
1) achetez-en des nouvelles
2) elles sont aussi vieilles que vos soi-disant photos et vidéos de la Terre depuis l'espace
3) plus important, elles sont toujours valables!

Donc quand vous dites que la Lune cause les marées...:


Une autre épine dans le pied des psittacistes, c'est le fait (je sais que certains n'aiment pas ce mot mais il est adapté à la situation) qu'un nombre statistiquement significatif d'individus exhibent un comportement aberrant les nuits de pleine Lune. C'est rapporté par les postes de police, les hôpitaux, etc... Les gens en charge n'ont jamais aimé cette idée car, par idéologie (et pour des raisons qui, comme d'hab, ont tout à voir avec Dieu et rien avec la science - comme c'est le cas pour le "principe" de conservation de l'énergie - mais ce n'est pas le sujet), ils ne supportent pas l'idée (ou que l'idée se répande dans la population en générale, au choix) de pouvoir être le jouet de forces extérieures au soi ou aux circonstances, contingences, etc...
Bref, la Lune et le comportement lunatique, il fallait trouver une explication "rationnelle". Ces dernières années, ils ont essayé de propager le sophisme suivant:

- la Lune cause les marées ;
- le corps humain est composé à 80% d'eau ;
- la Lune affecte les humains.

Si la seconde prémisse est correct, la première ne l'est pas et la conclusion encore moins. La conclusion est d'autant plus fausse qu'ils n'expliquent pas pourquoi le phénomène affecte certaines personnes et pas d'autres. La majorité des gens, en fait, n'est pas concernée. Donc, à moins que la majorité des gens n'aient pas la même composition chimique...c'est du grand n'importe quoi comme aurait dit Gandhi (probablement, je spécule là).

Bref, si on fait plus confiance aux traditions qu'à la science (et on devrait), il faut éviter de regarder la Lune en face (le mot'lunatique' n'est pas apparu par hasard) mais certainement pas parce qu'elle 'cause' les marées. Et la prochaine fois que vous rencontrerez ce seprent de mer, pensez à lui: